Anthologies de la solitude, par Jean-Claude Desmidt

Floraisons littéraires

Dans le jardin des Lettres croissent de nombreuses variétés : romans, épîtres, contes, traités, essais, etc... Nicole Castaldi-Marin, auteure niçoise, s’est signalée à l’attention des lecteurs par l’éclosion de trois romans parus aux Éditions des Presses du Midi. Pour son quatrième opus, elle nous propose une « Anthologie de la solitude », un florilège de textes écrits par une pléiade d’écrivains célèbres sous le patronage desquels elle apporte sa contribution personnelle. On ne sait ce que l’on doit admirer le plus du choix de ces textes allant de Pétrarque à Stefan Zweig, manière indirecte de parler de soi - « dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es » -ou de l’humilité d’un auteur s’effaçant en partie à l’ombre de ses grands aînés. Il est rare qu’un créateur montre son intérêt et son admiration pour d’autres créateurs – au fronton de la république des lettres ne brille pas forcément la devise « fraternité ». En outre, on louera l’auteur d’avoir éclairé dans une partie d’introduction les différentes facettes de la solitude, de l’avoir distinguée de l’isolement –on peut être seul et profondément relié aux autres - d’avoir décrit en quoi la solitude – thème que l’on pourrait croire d’une modernité criante – apparaît depuis longtemps sous la plume des écrivains ; et enfin, d’avoir affirmé qu’elle est le terreau dans lequel naît une œuvre et que tout artiste est condamné à une forme de solitude, prix à payer peut-être pour la germination de ce qu’il doit livrer au monde, fût-il incompris ou mal compris. Nous sommes sur les terres de Vigny écrivant : « La Solitude seule est la source des inspirations. La Solitude est sainte. » J’ajouterai que la solitude est peut-être aussi la source des « visitations» : Dieu visite les âmes de silence... Merci à Nicole Castaldi-Marin de nous offrir ces miscellanées qui nous invitent à visiter « le jardin des solitudes» – de celles qui nous écrasent et nous étouffent à celles qui nous accueillent et nous libèrent, de celles qui s’avancent dans un silence qui nous terrorise à celles dont le silence nous comble. J’invoquerai ici St Jérôme qui, au 4ème siècle, écrivait à propos de la solitude et du silence : « O pays inhabité que Dieu habite plus que nul autre. » Un aspect de la solitude qui n’est pas négligeable.

Jean-Claude Desmidt - Azur Informations septembre 201